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- - - > les petites voix
30 septembre 2005

Typhon social - Chapitre 9

Cinq H + 30. Trafic fluide. Indice Air Parif 3 (bon). Perturbations hydrométriques à prévoir dans la journée. Porte de la Muette. Un fourgon noir un poil frime stationné au-dessus du périphérique. Une cabine de contrôle bardée d'ordinateurs et de moniteurs. Des visages qui défilent sur les écrans. Des diodes témoins jaunes, rouges, verts et bleus. Des logiciels de reconnaissance qui travaillent à la volée sur les tronches des conducteurs du petit matin. Une silhouette fine dans un survêtement noir s'agite. Froissement spasmodique de tissus et de chairs. Une main soignée éteint un à un les moniteurs, l'autre gratte un cuir chevelu. Regard furtif les écrans pour se détailler. Petite moue. Appréciation négative. Un murmure. "Je ne sais pas encore qui tu es mais je me rapproche, je le sens". La gorge qui se racle. Les doigts s'activent à remettre un foulard très chic en place. Un clic de talkie. "Allô Arnold on peut y aller." Un blanc. "On reviendra plus
tard". Nouveau bip de talkie. "You are the boss, Wally". Le camion décolle.

Cinq heures trente et une du matin. Porte de Choisy. J'en peux plus de chez peux plus, de chez peux pas plus. Après que le Prof eut quitté son cabinet et s'en fut dans sa chambre, j'ai pu enfin gagner le bureau, échanger les Scrameustaches et sortir de la maison sans trop de problèmes, courbatures mises de côté. En repassant la grille, non loin des poubelles... tout m'avait l'air tranquille ...

J'attends le premier bus d'un nouveau matin sur la Terre. Il y a de cela soixante
ans, au sortir de l'holocauste, l'homme s'est rêvé en humaniste et s'est construit le salon ONU. Dans les coupes de champagne et les costumes, des sourires et des promesses. Trop de promesses faites uniquement de sourires. La super nation d'Amérique voit s'abattre quatre ans après le Onze Neuf l'horreur de la fracture sociale sur son sol.

Les pieds d'argile du colosse s'effritent sous des corps gonflés d'une eau noire... Le gendarme du monde peine à sauver ses propres gens, Katrina la dévastatrice est à peine partie que s'annonce Rita plus terrible encore... Un autre matin est-il possible ? Moi qui hier encore n'étais qu'un sans grade, un sans problème de la Grande Babylone, que suis-je devenu ? Je ne me reconnais plus, je reconnais plus cette planète si belle hier encore. Serais-je subitement concerné par un univers plus vaste que le mien et par une approche nouvelle des choses...

Voilà le 22. J'y monte en présentant un bout de papier orange. Mes doutes reprennent. Plus je collabore avec mes nouveaux compagnons, plus les questions s'accumulent dans mon horizon psychique. A présent, qui suis-je ? Un héros de la cause du Grand Conseil des Héros imaginaires, fier et sûr de son combat ? Ou un otaku zombie devenu délinquant par pure psychopathie ? Un peu des deux, mon Général. Il n'empêche que je me sens plus mûr à partir de cette nouvelle aube...

A peine ai-je posé les pieds chez moi, que je suis convoqué par le Conseil...alors que je ne pense qu'à plonger sous ma couette. Le Conseil n'a pas la notion du sommeil, il faut dire... Ce n'est pas Yoda qui me parle, comme je m'y attends mais Albator, le corsaire de l'espace, qui m'apostrophe le premier.
- Excellent moussaillon, je sais que tu as accompli ta mission bravement ! Va te décrasser les mains et la figure et reviens devant nous...
- Euh...oui...Capitaine.

Décrassé, je reviens dans l'entrée. Albator réagit.
- Parfait, pose donc le Général Ackbar et le Scrameustache à leur place au Conseil. Je m'exécute illico.
- Merci de la ballade Shaz, me fait le Scrameustache, quand je le saisis, je t'assure que tu ne le regretteras pas.
La parole de Yoda s'adresse à Ackbar. Comme je n'ai entendu personne me congédier, il semblerait donc que je sois soit autorisé à assister à cette réunion au sommet.
- Général, puisque à présent le dernier membre installé est, en déduire qu'achevée est notre opération je puis ?
- Loin de là, répondit le Calamarien sans hésiter. Nos ennemis convergent sans aucun doute vers notre zone et je ne répéterai pas ce que je pense d'Ali.

Sans tout comprendre, je suis scié par la détermination émanant du grand stratège. Apparemment on n'a pas vécu les mêmes choses. Ackbar aurait-il capté des informations qui m'échappent ?

- Hmmm... Accomplir l'unité nous devons... Mais je laisse la parole à Sidéro.

La voix de Sidéro me parvient. Une voix différente de celle de la série télé de ma petite enfance, avec un accent japonais et un timbre de voix plus féminin.
- En présence de tous ses membres et en vertu de l'accord préalable sur ses statuts, je déclare logiquement notre Grand Conseil opérationnel. Il peut dès à présent exercer son autorité de plein droit. Ce qui m'amène à la déclaration tout aussi logique qui suit. Vu le nombre très majoritaire de droïdes entassés dans des conditions affreuses à rétablir d'urgence dans leur équilibre, nous ne traiterons d'aucun autre dossier avant d'avoir obtenu gain de cause. Même si nous avons conscience de notre situation très précaire. Et n'en déplaise à Maître Yoda, je demande la réquisition immédiate des quatre étagères devant la porte.

L'intervention de Sidéro jette un certain trouble sur les membres du Conseil.  Moi je comprends surtout autre chose.

- Excusez moi beaucoup, mais qui va vous les libérer les quatre étagères?  Parce que je vais me coucher!
- Humain, selon tes critères la journée vient juste de démarrer. Tu ferais mieux de te passer de dormir me répond Sidéro. Petit homme, avoir le privilège de servir le Conseil prime sur cet état végétatif que tu affectionnes tant.

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