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- - - > les petites voix
10 octobre 2005

Une galaxie très très lointaine - Chapitre 11

L’escalier se dérobe et je roule sur quelques marches. Je me relève aussi sec, mais la pluie de coups repart de plus belle. Des impacts à la tête, au tibia, à l'épaule, dans les lombaires, toute mon anatomie y passe. J'esquisse instinctivement des crochets, des coups de pieds fouettés et des ruades mais cela ne semble pas opérer. Les coups que je reçois sont font plus violents...

- ne réponds surtout pas ! me crie Ackbar, ne t'arrête pas descendre...

Des taches passent devant mes yeux à moitié fermés, je cherche un souffle qui ne vient pas. Je me replie et dévale les marches du mieux que je peux… Je tombe une nouvelle fois, engloutissant cette fois bien plus de ces foutues marches. Je m'arrête enfin, tout mon corps est en feu, tendu dans l’attente d’un nouvel assaut. Je reprends enfin ma respiration et quand je me prépare à redescendre, je constate du bout du pied que je suis enfin arrivé en bas de l'incroyable colimaçon.

Seules les algues indigo qui luisent ça et là me donnent un repère dans cet espace aveugle. J’aimerais bien savoir qui m’a agressé, je ne cesse de jeter un œil dans mon dos, ce qui n’est pas bien utile dans cette pénombre. Je m'enfonce, je brise un silence oppressant en me traînant sur le gravier pierreux. La galerie fait un coude qui débouche sur un nouveau boyau qui déchire faiblement l'obscurité.

Je reprends mon souffle. Le boyau se rétrécit et monte en pente douce. La lumière augmente je vois le bout du tunnel… J’avance encore, nimbé de lumière, quand une vague de chaleur monte en moi avec la nausée, un vertige soudain me saisit.

Je tombe à genoux... au bord d'une minuscule terrasse... qui donne sur... sur une galaxie très très lointaine...

22h00. Trafic nul. Indice Air Parif bon (2). Place du Général Stéfanik. A bord du fourgon noir, le fragile Wally se recroqueville au fur et à mesure que Luxkaï, l’idole déjantée de la scène techno-punk, balance sa crête, s'excite, et menace de péter un des écrans plasma qu'il frôle.

- Mais putain c'est pas possible ! Si tu crois que j’vais me laisser avoir par ces bâtards!
-
Mais calme toi Luxkaï, on va mettre tous nos moyens sur le coup...
-
Eh ben, moi j’te dis qu’on a vite intérêt à trouver le moyen de pénétrer cet espèce de champ de protection !
- On y arrivera, ce n’est qu’une question de temps…
- De toutes les façons, c’est pas moi qui prévient… qui-tu-sais…
- Pas de problèmes, je m’en charge (comme toujours d’ailleurs ajouta t’il pour lui-même). Arnold, nous allons déposer Luxkaï chez moi.
- Non non, c’est pas la peine, j’ai d’autres projets pour cette nuit.
- Comme tu voudras.

Luxkaï et Wally s’échangent alors une poignée de mains spéciale, un symbole de complicité entre initiés. Ils se rapprochent l’un de l’autre et se susurrent la devise de leur réseau : « Pour l’avènement du Prédateur ».

J'inspire un grand coup et je saute de la terrasse, porté par les courants. Et je me pose, au ralenti, devant une incroyable vallée, scintillante, brumeuse et enneigée... Le froid et les vents me saisissent. La gravité me semble amoindrie, je flotte plus que je ne marche. Des grands voiles filandreux roses et bleus ondulent dans les brumes blanchâtres.  Il règne dans l'air comme une odeur piquante de pamplemousse et de vétiver...

- Ackbar ! Dis moi Général où sommes nous ?

- ...

- Ackbar ?

-...

Me voilà seul dans cet univers glacial et saisissant. Des sons étranges mi-cristallins mi-industriels se répondent dans l'espace. En balayant l'horizon du regard, je distingue de gros rails bleutés qui dessinent d'immenses trajectoires courbes sur la neige et dans le lointain, de grandes formes qui évoluent gracieusement. Les figures, toutes argentées et hautes de plusieurs mètres se rapprochent. Ce sont des étoiles de neige, des papillons et des pantins articulés qui glissent sur les rails.

Les papillons et les étoiles passent devant moi, en un gracieux ballet. Les pantins, au visage poupin légèrement inquiétant, portent à bout de bras d'immenses sabres en or. Les titans argentés, au nombre de quatre, s'arrêtent en grinçant à quelques mètres de moi. Et voilà qu’un fauteuil chromé, moulé en forme de main, fend les brumes et s'arrête.

Le pantin à ma gauche abaisse son bras et désigne le fauteuil de son sabre.
- Euh… vous acceptez la carte orange ou bien je paie à l’arrivée ?

Mais comme je m’y attendais, le titan ne réagit pas. D’un bond, je réponds à cette invitation implicite et j’atterris dans la main d’acier. A peine ai-je calé mes fesses que le froid et la brise s’estompent. Dans un craquement, le fauteuil s’ébroue et s’avance dans la brume. Les pantins nous emboîtent le rail. De grands oiseaux au plumage gris clair crèvent le plafond nuageux pour accompagner notre convoi.

Je sais que je devrais me poser tout un tas de questions, sur ce qui m’arrive, comment je suis arrivé sur cette planète, et quel ce danger dont me parlait Yoda, mais tout ce qui me vient à l’esprit c’est « Pourquoi les femmes n’arrivent pas à se mettre du mascara la bouche fermée ? » ou bien « Pourquoi ils vendent les saucisses par dix et les paquets de pains pour saucisses par huit ?

C’est clair, pour avoir ce type d’interrogations en tête,  je dois être très fatigué. Mes paupières, devant lesquelles tourbillonnent les flocons de neige, se font de plus en plus lourdes… Depuis combien de jours je n’ai pas passé une bonne nuit de sommeil, je me le deman…

Retour en France, il est à présent vingt-trois heures passées. Enfouis dans un gros fauteuil globulaire, deux yeux perçants survolent la ville lumière qui s’étale devant l’immense baie vitrée. Des yeux aux pouvoirs insoupçonnés qui scrutent la cible, Babylone. Seul dans ce gigantesque espace dépouillé d’une couleur bleu nuit, l’homme voit sa méditation s’interrompre quand, sur la table basse devant lui, clignote une diode bleu indigo. L’homme tend la main pour saisir le combiné.

- Oui j’écoute.

- Bonsoir Wally. Quelles sont les nouvelles ?

- Eh bien commence par la mauvaise.

- C’est ennuyeux. Nous n’avons pas de temps à perdre…et pour la bonne ?

- Un super hacker tu dis, comment s’appelle t’il ?

- Si tu penses qu’il a le profil, évidemment. Je crois qu’il nous faudra toute l’aide nécessaire pour y arriver.

- Très bien, tiens moi au courant.

Un nouveau grincement me réveille brusquement. Le fauteuil main s’est immobilisé. Combien de temps ai-je fermé les yeux ? Il me semble que cela n’a duré qu’un bref moment. Me voici arrivé dans une sorte de grande clairière, au pied d’un magnifique château fait de givre…

 

 

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