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- - - > les petites voix
17 septembre 2005

Nuit échangiste - Chapitre 8

Tu vas rentrer chez toi réfléchir à ton destin. Je vais rentrer chez moi réfléchir à mon destin. Tu vas rentrer chez moi méditer au destin humain. Tu ne vends pas de bâtons de la mort Tu vas rentrer chez moi sans te faire voir... Pour me regaillardir je cours dans les rues avec mon petit mantra de faux ninja qui n'arrive pas en voiture. Et pour cause, Titine, se faisant de plus en plus vieille, a refusé de démarrer. Le stress me fouette les sangs mais me tourne la tête, je n'ai ni assez dormi ni assez mangé. Et je ne fais pas, enfin, je ne fais plus de sport. Heureusement que je fume et que je bois peu. Je souffle, j'entre dans la Butte au Cailles. J'approche donc vers les trois heures et quelque du matin, de la rue des cinq diamants dans le treizième arrondissement de Paris.

Mis à part un braillement d'ivrogne dans le lointain et des quelques piaulements incertains, la rue est déserte. La maison que l'on m'a décrite sort tout droit d'un vieux film d'horreur, mais semble profondément endormie, bon signe. Maison de ce mystérieux prof Tanathos, ethno-physicien au CNRS qui aura bientôt le Scrameustache du carton N°6b sur son bureau. Si tout va bien...

Escalader la grille, ne pas se blesser sur les piquants est assez facile mais épuisant physiquement et nerveusement. Je ne pourrais l'affirmer, mais en basculant mon corps de l'autre côté, il m'a bien semblé voir une silhouette qui m'observait à moitié cachée derrière les rideaux dans la maison. Ça, pas glop du tout. Une parano circonstanciée ? Pfff...au moins le jardin est coupé de la luminosité de la rue. Je reste en arrêt, en apercevant une niche contre la maison. Je redoute l'irruption de quelque molosse, genre pitbull de tranceuse. C'est vraiment n'importe quoi de penser à cette folle maintenant. Rien. J'avance à pas de loup vers la bâtisse.

Je suis au pied du mur quand j'entends une voix dans ma tête :
- Alors ça te dérange pas plus que ça de me laisser ici ?
Mes cheveux se dressent et je reste pétrifié. C'est une voix miauleuse nouvelle et étrange. Le Scrameustache bien sûr. Mais une autre voix lui répond.
- Ce n'est pas le moment de te plaindre. Tu vois bien qu'il est au pied du mur. Il y va de l'intérêt général et il n'y a pas d'autre choix.

Ah...au pied du mur, toujours vanneur mon Général Ackbar. J'ai eu pour ordre de l'emporter avec nous, le Grand Conseil Provisoire l'a bombardé conseiller stratégique pour cette mission.
- C'est faux, répond l'alien chat, il en va de tes intérêts de Général mais Shaz a TOUS les choix, PAS VRAI ?
Le Scrameustache marque un point. L'honorable calamar Calamarien ne relève pas. Je me recroqueville contre la niche.
- Ecoute voir, Scramouse, je suis à moitié réveillé, à moitié endormi, à moitié plus fou que je n'étais déjà il y a trois jours...De toutes les façons, je t'avais oublié, je tai sorti du 6B où tu dormais depuis six ans et maintenant je t'emmène dans une maison dix fois plus grande que mon taudis, chez un professeur de talent super chouette..et dans un quartier résidentiel alors elle est pas belle la vie ?
- Si tu oses me sortir ce genre de réponse, c'est que tu n'es pas au bout de tes peines et que tu ne mérites pas de me garder.
- Mais...
- Je ne dirais plus un mot, fait le félin simiesque, va donc installer ton martyr...
Je soupire. Les nuits sont plus fraîches à présent. L'été s'en va...

Ackbar éructe.
- Concentrons nous sur la mission messieurs !
Comme un automate, je le relève d'un coup et escalade dans un ultime effort la façade poussiéreuse de la bâtisse pour arriver au premier étage, devant une fenêtre entr'ouverte. Je me glisse dans le noir, déboulant dans ce que je devine être un cabinet de toilette. De la lumière dans le couloir, j'aurais juré de la rue que tout me semblait éteint. Je garde mn calme en me figeant, j'entends des pas nerveux dans le couloir.

Une voix grave, dans la pièce d'à côté, parvient à mes oreilles.
- C'est dix fois plus dangereux que l'amazonie, ton délire Ali! C'est une voix de professeur, j'en mettrai mon Dark Vador au feu. Tiens, ça me ferait un jouet spectre d'Anakin.

La voix repart à la charge.
- Je te l'avais pourtant dit qu'ils étaient dangereux ! Nous sommes tous par ta faute déjà en danger de mort...et ce depuis des semaines !!! Les petits pas tournent plus rapidement.

- Ali tu m'écoutes, tu dois à tout prix te séparer d'eux ! Tu vas renoncer à tes conneries de catalyseur ! Allez file tu m'énerves ! Les petits pas s'éloignent dans le fond du couloir puis claquent dans l'escalier.
- Qu'est-ce que vous foutez là ? Sortez immédiatement du cabinet de toilette !!!
Et fouchtre !!! je me suis fait gaulé comme un naze.

Je m'imagine bien la scène, le Prof me tenant en joue de son fusil, appelant à l'aide, puis la police, les menottes, la cage puante au poste, ma vie gâchée en taule à plier de mes mains des invitations de soirées chic. Des flyers qu'hier encore je créais et je mettais en page, en toute liberté.

- Mais non c'est le Scrameustache, andouille, me fait Ackbar. Je proteste.
- Je suis désolé, c'est une voix qui lui ressemble mais pas la sienne...
- Ah ben oui, fait malicieusement la voix du singe chat dans ma poche, puisqu'il est l'autre Scrameustache...
- Vite, vite, mais tire toi !!! hurle justement l'alien du bureau.
J'obtempère et sors du cabinet pour foncer dans une pièce devant moi. La buanderie apparemment. Des pas lourds accompagnent une forte respiration du couloir vers le cabinet de toilette. J'ai évité la taule. Provisoirement. J'envoie une pensée vers le bureau.
- Bravo Monsieur le Scrameustache. vous m'avez sauvé, vous avez un super don prémonitoire.
- Eh non cher couillon, je suis juste cloué sur ce bureau depuis assez longtemps pour savoir quand Thanatos va pisser!

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